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Pourquoi il ne faut pas interdire les spectacles de Dieudonné mais, très simplement, appliquer la lo

Les médias français (et pas seulement eux, mais aussi ceux d’autres pays et de (trop) nombreux intervenants sur les médias dit sociaux…) rabâchent ad nauseam l’affaire Dieudonné. Tant de monde semble découvrir en même temps que le triste clown est devenu un héraut de l’antisémitisme que l’on peut se demander si toutes ces personnes bien intentionnées étaient en hibernation ces dernières années.

La dernière idée en date est, on le sait, de faire interdire les spectacles de « l’humoriste ». C’est le nouveau cheval de bataille de Monsieur Manuel Valls (que j’aime bien mais que j’ai connu mieux inspiré) et le Président de la république lui-même s’implique dans ce dossier, nous apprend la presse.

Je passerai rapidement sur le fait que le battage fait autour de cet individu sert peut-être à masquer les résultats consternants de l’Etat en matière de lutte contre l’insécurité (voir les déclarations du général Soubelet dans Le Figaro du 6 janvier) mais aussi le fait que le chef de l’Etat avait fait de « l’inversion de la courbe du chômage » une affaire personnelle sur laquelle il avait engagé sa responsabilité. L’affaire Dieudonné tombe, donc, à pic, pour, comment dire... changer de sujet…

Non, il y a plus grave : la mesure que l’on veut prendre porte gravement atteinte à nos libertés.

Je n’aime pas Dieudonné et je suis certain qu’il est viscéralement antisémite et révisionniste, deux attitudes qui me répugnent. Mais la liberté d’expression est sacrée et la censure n’est jamais une solution acceptable.

Je m’oppose donc à la censure de Dieudonné, comme je m’oppose à ceux qui veulent établir des lois punissant le blasphème. Dans le monde anglo-saxon, on le sait, on peut tout dire et tout écrire et il fut un temps où , en plein cœur de Londres, à Hyde Park;, on pouvait voir un homme haranguer la « foule » en vantant les mérites du nazisme et un autre se faire l’apologue du communisme. C’est ainsi que je conçois la démocratie et la liberté. Ceux qui les suivent sont des imbéciles. Faire de leurs idoles des martyrs les rendra-t-il plus intelligents ? J’en doute.

J’ai le droit de blasphémer, j’ai le droit d’aimer ou de détester Dieudonné ou Alain Soral, j’ai le droit de mépriser et de condamner le communisme ou le fascisme, j’ai le droit de lire Céline ou Marx, j’ai le droit de regarder des films pornographiques. Mais je dénie ABSOLUMENT à l’Etat le droit de décider ce que je peux voir, lire ou entendre.

Et je pense que les idées se combattent avec des idées, pas avec la censure.

Par ailleurs je pense que l’on est en train de faire à cet épouvantable individu et à ses « idées » nauséabondes une énorme et détestable publicité gratuite (mis à part que, étant donné que ceci est le fait de ceux qui nous dirigeant, cette publicité est faite avec l’argent de nos impôts… )

Reste bien entendu que Dieudonné n’est tient de plus qu’un minable petit délinquant, multirécidiviste de surcroît. Il a été plusieurs fois condamné par les tribunaux, a organisé son insolvabilité et ne paye ni ses amendes ni les dommages et intérêts auxquels il est régulièrement condamné pour la propagande de ses délires répugnants.

Mais des lois existent, l’Etat ne serait-il pas plus crédible (et bien davantage dans son rôle) en les faisant appliquer plutôt qu’en créant une législation ad hominem » qui ne peut qu’être désastreuse pour la démocratie ?

Laissons Dieudonné s’exprimer. S’il insulte une communauté, dénonçons le. S’il viole la loi, qu’on le poursuive pour incitation à la haine. S’il ne paye pas ses amendes, que l’on fasse exécuter les décisions de justices (à quoi servent les huissiers ?) et que l’on saisisse les recettes de ses spectacles. S’il organise son insolvabilité, qu’on le poursuive et qu’on le fasse condamner pour fraude fiscale, fraude sociale, blanchiment d’argent et/ou en vertu du droit du commerce. Mais de grâce, ne touchons pas aux principes : ils sont plus importants que la misérable personne qui occupe les médias depuis plusieurs jours.

Et n’oublions pas qu’en empêchant cet homme de s’exprimer, on crée un dangereux précédent. Qui décidera, demain, ce qui peut ou non être dit, chanté ou montré ? Et au nom de quoi ?

Ce n’est pas dans cette société qui évoque à mes yeux la France de Vichy ou l’Union soviétique de Staline que je souhaite vivre.

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