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6 raisons de douter des accusations du Kremlin sur une tentative d'assassinat de Vladimir Poutine




Le Kremlin a accusé l'Ukraine d'avoir tenté de frapper le Kremlin pendant la nuit du 2 au 3 mai, et d’assassiner Vladimir Poutine. Une affirmation qui semble hautement invraisemblable, et ce pour au moins 6 raisons.


Deux drones auraient été abattus - dont l'un, au moins, au-dessus du Kremlin - « grâce à l'utilisation de systèmes radar», a annoncé la présidence russe. «Nous voyons ces actions comme une tentative d'acte terroriste et un attentat contre la vie du président», ont ajouté ses porte-paroles. « L'attaque ukrainienne » n'a pas fait de victimes et le chef de l'État n'a pas été blessé, toujours selon les sources russes.


Des images circulent sur les réseaux sociaux, montrant, entre autres, un drone explosant au-dessus du Kremlin.


Kiev a catégoriquement nié toute implication de son armée ou de ses services dans cet incident.


J’ai beaucoup travaillé en Russie (et SUR la Russie) depuis quarante ans et je pense avoir une bonne compréhension du fonctionnement de l'Etat russe. Il me semble hautement improbable que les affirmations du Kremlin recouvrent une quelconque réalité.


Et ce pour au moins 6 raisons :


1) Stratégiquement une élimination de Vladimir Poutine ne représente aucun intérêt : dans le contexte actuel, seul un membre de la direction russe pourrait succéder à Poutine, donc quelqu’un qui a été étroitement associé à la guerre d’agression contre l’Ukraine et/ou, au minimum, partage la vision poutinienne de la reconstruction d'une "grande Russie". Arrivant au pouvoir après l’assassinat du Président, ce successeur éventuel ne pourrait que prendre des mesures extrêmement dures contre Kiev. Les réactions de la haute administration moscovite (par exemple la déclaration de Viatcheslav Volodine, président de la Douma qui appelle à « détruire » le gouvernement ukrainien et à viser directement Volodymyr Zelensky) montrent à suffisance ce que pourrait être la réaction de Moscou à une telle agression. ;


2) Il est impossible que Kiev puisse obtenir le feu vert de Washington pour mener une frappe directe contre le président russe et il est impensable que l’Ukraine se livre à une telle opération sans l’aval de Washington ou en cachant ses intentions aux Etats-Unis dont le soutien est vital pour Kiev. Or, Washington ne donnerait jamais son autorisation pour une telle élimination qui risquerait de générer le chaos à Moscou et à rendre encore plus imprévisibles les réactions russes sur le terrain ukrainien.


3) Du point de vue tactique, il est fort peu probable que les moyens de détection et anti-aériens en place autour des principaux lieux de pouvoir moscovites permettent à un drone d’arriver au-dessus du Kremlin.


4) Si l’on voulait réellement éliminer Vladimir Poutine, attaquer le Kremlin n’aurait, de toute façon, aucun sens. On sait que Poutine n’y passe que très peu de temps, préférant de loin résider à Novo-Ogaryovo, non loin de la capitale. De même, il n’assiste qu’extrêmement rarement à des réunions «physiques » au Kremlin et privilégie les consultations virtuelles.


5) Les images qui circulent (si elles sont authentiques) montrent un drone de petite taille et ayant donc un rayon d’action limité qui ne peut, à l’évidence, avoir été lancé depuis l’Ukraine pour atteindre la capitale russe. De plus, les images du drone explosant au-dessus du Kremlin ont manifestement été tournées depuis plusieurs angles, ce qui est peu compatible avec une attaque surprise mais fait penser à une mise en scène. A moins qu’elles n’aient été fabriquées par une I.A.


6) Les mêmes raisons permettent, à fortiori, d’écarter l’hypothèse d’un complot interne contre le maître du Kremlin. Ceux qui pourraient penser à mener une telle action savent que frapper le Kremlin n’a aucun sens et est, de toute façon, quasiment impossible.


En conclusion, si l’on ne peut totalement écarter la possibilité d’une action d’éléments ukrainiens incontrôlés (bien que de telles actions n’aient jamais été constatées depuis le 24 février 2022), le plus probable est une manœuvre de « déception » (désinformation) montée de toutes pièces par les services russes en vue de justifier une intensification des opérations en Ukraine à l’approche d’une contre-offensive des forces ukrainiennes à laquelle l’armée russe aura le plus grand mal à résister.


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