Une fois de plus le terrorisme a frappé la France. Une fois de plus, un innocent est mort parce que l’Etat n’arrive plus à assurer la sécurité des citoyens. Une fois de plus nous avons eu droit aux sempiternelles déclarations de fermeté : « Nous ne céderons rien face au terrorisme » a déclaré Elisabeth Borne. Plutôt que d’aligner des formules convenues qui n’apportent rien au débat, peut-être pourrait-elle réfléchir à une évolution législative devenue indispensable.
Je ne serai pas long. Il n’est pas besoin, aujourd’hui, de noircir des pages et des pages. Il suffit de se livrer à un simple constat de bon sens. Et à en tirer les conséquences, aussi difficiles soient-elles.
Donc, Iman Rajabpour-Miyandoab, le terroriste « présumé » (arrêté en flagrant délit, avec ses armes improvisées sur les lieux de ses crimes) qui a tué un touriste germano-philippin de multiples coups de couteau, à un jet de pierre de la Tour Eiffel, avant de défoncer le visage d’une autre victime au marteau et d’en blesser plus légèrement une troisième, était « fiché S ». Il était de surcroît déjà condamné pour un projet d’attentat à La Défense, en 2016 (à l’époque, il avait 19 ans…) qui lui avait valu cinq ans de prison (quatre ans ferme et une année avec sursis). Il avait été en relations avec Abdullah Anzorov, l’assassin Tchétchène du professeur Samuel Paty, avec Larossi Abballa, auteur des assassinats (à leur domicile et dans d’horribles circonstances) des policiers Jean-Baptiste Salvaing et Vanessa Schneider à Magnanville en juin 2016 et avec Adel Kermiche, le tueur du père Jacques Hamel (85 ans…) le 26 juillet 2016. Et comme si cela ne suffisait pas, il entretenait diverses correspondances avec d’autres djihadistes partis pour la Syrie qu’il avait lui-même souhaité rejoindre avant son arrestation en 2016.
Laissé libre de tuer
Circonstances aggravante : il était atteint de pathologies psychiatriques lourdes qui justifiaient d’un suivi particulier. Pourtant, samedi soir, il se trouvait dans la rue, en plein centre de Paris, armé d’un couteau et d’un marteau. Pourtant il a été laissé libre de tuer.
Nous avons eu droit, bien entendu,, aux habituels communiqués. Le président de la république pense aux victimes avec émotion et remercie les forces de secours ; la première ministre « ne cédera rien » ; d’autres affichent leur consternation et clament leur solidarité. Et je ne reviendrai pas sur la réaction de Manuel Bompard qui nous explique qu’il ne faut pas « donner de signification générale » à une attaque dans laquelle il ne voit que l'acte «d'une personne qui est manifestement déséquilibrée»: depuis le 7 octobre, les déclarations de la France insoumise sur le terrorisme ne présentent plus aucune sorte d’intérêt. En admettant même qu’elles en aient jamais eu.
Mais les Français ne veulent plus de paroles. Ils veulent des actes. Ils veulent être protégés. Et ils ne le sont pas.
Je ne suis ni psychiatre ni juge, mais il me semble que la place de cet homme, étant donné, son passé judiciaire, ses relations, sa radicalisation et son état de santé était dans une institution psychiatrique fermée où il aurait été placé d’office. D’autres en ont manifestement jugé autrement et un innocent est mort. Un de plus.
Anzorov bénéficiait du statut de « réfugié politique » de ses parents. Larossi Abballa avait été condamné à trois de prison pour des faits liés au terrorisme. Adel Kermiche avait été incarcéré après avoir tenté, à deux reprises, de gagner la Syrie. Mohammed Mogouchkov, le tueur d’Arras aurait dû être expulsé avec sa famille mais la mobilisation des idiots utiles de certaines ONG avait empêché l’application de cette décision. Aujourd’hui, l’assassin est un terroriste condamné et « fou » laissé en liberté.
Faute de surveillance possible, une seule solution: expulser ou placer en rétention administrative
Combien y en a-t-il d’autres ? Combien de ces radicalisés connus ou de ces « malades » passeront-ils à l’acte dans les jours, les semaines, les mois qui viennent ? Et, surtout combien feront-ils de victimes et devons-nous nous habituer au cycle « tueries-condoléances et regrets-oubli jusqu’au prochain drame »? A l’évidence non.
Il y a en France des milliers d’extrémistes fichés et environ 6 000 sont considérés comme étant « dans le haut du spectre », c’est-à-dire susceptible, à tout moment, de passer à l’acte. La seule manière de les en empêcher serait de les soumettre à une surveillance physique totale et permanente. Or une telle surveillance nécessite environ 30 fonctionnaires par sujet (pour les filatures, les surveillances statiques, les interceptions…). Donc, il faudrait environ 180 000 agents pour assure cette seule mission, au détriment de toutes les autres (lutte contre les autres formes d’extrémisme, contre le crime organisé, le trafic de stupéfiants, etc.). Nous ne les aurons jamais.
Il est donc temps d’en tirer les conclusions : si on ne peut surveiller tous les extrémistes dangereux, il faut expulser immédiatement du territoire national ceux qui peuvent l’être et placer les autres en rétention administrative.
Je sais que cette proposition va faire hurler les droits-de-l’hommistes. Je l’avais déjà émise en 2015, après le drame du 13 novembre. Cela m’avait valu d’être considéré par certains comme un dangereux tenant de la dictature et par d’autres comme un pauvre demeuré ignorant des lois.
Pour sauver des vies, une loi, ça se change!
Ignorant des lois, je ne le suis pas, mais une loi, ça se change. En revanche, je suis un démocrate. Et en tant que te, je sais que la première des libertés, celle qui est le fondement de toutes les autres parce qu’elle permet leur exercice, c’est la sécurité. Le premier des droits, c’est celui de prendre le métro sans avoir peur qu’il explose, celui de conduire ses enfants à l’école sans craindre qu’ils y soient égorgés, celui d’aller travailler sans redouter un attentat, celui de se promener sur les bords de la Seine, ou partout ailleurs, sans risquer sa vie.
Et s’il faut, pour assurer ces droits, restreindre temporairement ceux d’individus qui nous ont, déclaré la guerre et qui estiment que nous sommes justes des moutons destinés à l’abattoir de leur idéologie médiévale et nauséabonde, eh bien tant pis ! Bien sûr, ce sera difficile, il y aura une longue bataille politique et juridique et nous nous exposerons aux décisions de juridictions supranationales. Mais les menaces endogènes et exogènes sont telles, aujourd’hui, que le courage politique impose de rompre avec des pratiques qui ont montré qu’elles étaient tout sauf efficaces.
C’est là le prix à payer pour sauver des vies, ramener la paix et la cohésion sociale et éviter le chaos qui menace.
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