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Le Pinot noir et ses fraudeurs


Ca commence comme une belle idée, ça se concrétise en une magnifique réussite commerciale et cela se termine en une minable escroquerie : c’est l’histoire de quelques viticulteurs français qui, à l'assaut du nouveau monde, ont, une fois de plus, préféré la fraude au travail bien fait. En 2006, la demande en Pinot noir explose aux Etats-Unis. Gallo, l’un des principaux négociants du nouveau monde est déjà en affaires depuis quelques années avec la coopérative Sieur d’Arques, à Limoux qui lui fournit les vins de sa gamme « Red Bicyclette », composée exclusivement de produits français et qui remporte un vif succès outre atlantique (une preuve parmi d’autres que le French Bashing a des limites…). Tout naturellement, la société américaine demande à Sieur d’Arques de la fournir en Pinot, celle-ci s’adresse à des sous-traitants – entre autres la maison Ducasse, à Carcassonne - et vend aux Etats-Unis 18 millions de bouteilles. Un succès pour une filière du vin qui aime à se présenter comme sinistrée (encore un mal bien français, dans d’autres pays on préfère vanter ses réussites, mais dans l’hexagone, on se complait dans les lamentations…) . Las, l’administration française se rend compte, en 2008, que Ducasse a vendu 53 889 hectolitres de Pinot noir alors que la région n’en produit que 53 000 par an. Problème… L’enquête prouvera que le « Pinot » est un mélange de Syrah et de Merlot, deux cépages nettement moins chers. Hier, 17 février, le tribunal de Carcassonne a condamné 12 fraudeurs à des peines de prison avec sursis et à des amendes de 3000 à 180 000 Euros. Moi, je les aurais plutôt suspendus par les c… aux portes de la ville, ou bien je les aurais noyés dans leurs cuves, parce que le vin, quand même, c’est sérieux ! Cette pénible affaire ne serait qu’anecdotique si, en définitive, elle ne faisait un tort considérable à la viticulture française et, de manière générale au « made in France » qui, dans le domaine agro alimentaire est (encore) considéré comme une valeur sûre. D’autant que cette triste péripétie survient après de nombreux autres scandales qui ont touché des maisons parfois prestigieuses et des vins illustres.. La France a déjà du mal à vendre ses rafales et ses EPR, sans parler de ses chars Leclerc. Encore un effort, messieurs les fraudeurs, et vos vins rejoindront ce lamentable catalogue. Ne vous plaignez plus, donc, si le drapeau tricolore agit davantage comme un répulsif que comme un aimant…

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