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"Gilets Jaunes" : veillée d’armes ou la République contre les factieux


Ces deux dernières semaines, j’ai abondamment commenté le mouvement des Gilets Jaunes sur les réseaux sociaux. Ou, plus exactement ses graves dérives et abus.

Sur le mouvement originel lui-même, j’ai peu de choses à dire. Etant, par profession et depuis une quarantaine d’années, un observateur du monde et de la société (et de tout ce qui peut y créer le désordre et engendrer la violence), je suis bien conscient, comme beaucoup d’autres, du sort de ceux que l’on qualifie aujourd’hui de « France périphérique » ou de « France d’en bas ». Je sais les difficultés dans lesquelles se débattent salariés indépendants, artisans et ruraux pauvres ou peu aisés, mères célibataires, retraités et tous les autres laissés pour compte. Je comprends qu’ils se sentent méprisés, ignorés. Je perçois bien ce que peut signifier la hausse d’une taxe pour ceux dont les fins de mois commencent entre le 10 et le 15 de chaque mois et qui doivent choisir, par exemple, entre manger et se soigner. Je n’ai pas la solution miracle. Ce que je sais, c’est que, depuis trente ans, rien n’a été fait pour eux, ou si peu.

En revanche, ce que je vois c’est que, le 13 septembre 2018, Emmanuel Macron présentait un "Plan de lutte contre la pauvreté" chiffré à 8,5 milliards sur 4 ans. Un effort sans précédent. Si beaucoup ont estimé qu’il était incomplet ou que ses effets seraient trop lents, de nombreuses associations (la "Fondation Abbé Pierre", "Emmaüs France", le "Secours populaire", les "Restos du Cœur", "ATD Quart Monde", la "Croix Rouge", etc.) ont salué la démarche et un progrès certain. Evidemment, beaucoup reste à faire, mais continuer à qualifier Macron de "Président des Riches" est injuste et n'a pas de sens. Et lui faire porter, à lui, le premier Président qui tente réellement de réformer le pays, le poids de trente années d’immobilisme l’est tout autant.

Mais ce que je vois surtout, c’est que ce mouvement coalise aujourd’hui des revendications extrêmement diverses et totalement contradictoires. NON, on ne peut pas, dans le même mouvement, réclamer une baisse drastique des impôts et des taxes et une augmentation des revenus et services sociaux. Non, on ne peut pas, par une loi et en quinze jours renverser trente années de non-décision. Ceux qui justifient la poursuite du mouvement en disant, après les annonces faites cette semaine par l’Exécutif « Oui, mais le pouvoir d’achat des Français n’a pas augmenté depuis hier soir, donc nous continuons » sont des manipulateurs car ils savent qu’ils ne font qu’agiter un slogan creux et dénué de sens.

Ce que je vois aussi, c’est que ce mouvement, non structuré et sans cadre est devenu une auberge espagnole infiltré par tous les « ennemis du système » : ultra gauche, ultra droite, hooligans désirant seulement faire le coup de poing avec « les flics », habitué ou professionnels du désordre et adeptes du pillage venus des banlieues et d’ailleurs. Bref, tous ceux que l’on désigne sous ce vocable général : les casseurs.

Les scènes auxquelles nous avons assisté ces dernières semaines – et pas seulement les deux derniers samedis à Paris, mais aussi à Toulouse, Narbonne, Bordeaux, au Puy-en-Velay, à Mantes-la-Jolie, etc. - sont inacceptables.

L’Arc-de-Triomphe vandalisé, les forces de l’ordre agressées (parfois avec des bouteilles d’acides ou alors avec des battes de baseball, des boules de pétanque, des marteaux…) les Gilets jaunes modérés menacés de mort par les plus extrémistes, les boutique, restaurant, écoles et préfecture incendiés (alors même, circonstance aggravante, que, beaucoup de ces lieux étaient occupés ou situés au rez-de-chaussée d’immeubles habités…) sont insupportables. S’il n’y a pas eu de mort dans ces manifestations, c’est un miracle.

Car le sang, la violence et les morts sont bien ce que cherchent les « ultras » de quelque bord qu’ils soient : ils espèrent que ce sang coulera comme une rivière qui noiera la République et la démocratie. Ils tentent, pathétiques qu’ils sont, de jouer dans la rue le « troisième tour » d’une présidentielle dont ils n’ont toujours pas accepté le résultat. Ils nient nos institutions et veulent les détruire.

Au-delà de cette violence immédiate, physique, il y a aussi, pour beaucoup une violence économique : le chômage, la faillite et encore plus de pauvreté. Comment la mère célibataire ou le salarié pauvre remplaceront ils la voiture brulée par des irresponsables ? Comment les gérants ou propriétaires de commerces dévastés maintiendront-ils l’emploi ? Les pertes se chiffrent déjà : au moins dix millions pour l’hôtellerie parisienne (et 50% d’annulation de réservations), un tourisme revenu aux chiffres d’après des attentats de 2015, peut-être 13 milliards de pertes dans l’agroalimentaires, des centaines de CDD engagés pour ce mois de décembre (qui, pour rappel, est celui qui voit certains commerces faire 30 ou 40 % de leur chiffre d’affaire annuel…) etc.

Enfin, il y a les médias. Certes, nous vivons, une fois de plus une période inédite, une crise qui a peu ou pas de précédent. Informer est donc un devoir ou une nécessité. Mais l’information spectacle est-elle encore une information ? Donner la parole, non-stop, à des dirigeants ou porte-paroles autodésignés des Gilets Jaunes dont l’un appelle à la démission du Premier ministre qui se verrait remplacer par un général (qui n’a rien demandé à personne…) ou l’autre souhaite « envahir l’Elysée », mais se défend de prôner la violence, donner la parole à un « dirigeant lycéen » (qui ferait mieux d’étudier) déclarant calmement « il y aura des morts », ce n’est plus de l’information, c’est de l’huile sur le feu…

La journée de samedi, dans ce contexte délétère sera un moment crucial de la crise, que certains espèrent être un point de non-retour. Soit il ne se passera rien ou tout se déroulera dans le calme (même relatif) et l’on retrouvera le chemin de la raison et les voies du dialogue soit on assistera à une répétition des scènes insurrectionnelles de samedi dernier.

Dans ce dernier cas, les factieux, ceux qui jouent à la « révolution » ou veulent la guerre civile doivent bien comprendre qu’ils ne gagneront pas. La République a les moyens de se défendre. Elle le fera demain avec des moyens (police, gendarmerie dont 106 escadrons sur 109 seront mobilisés, etc.) sans équivalent depuis des décennies.

Car une chose est sûre, ce n’est pas la rue qui fera la loi : le premier devoir de l’Etat est de maintenir l’ordre public et la paix civile. Sans abus de la force, mais avec détermination et sans état d’âme.

C’est ce qu’il fera.

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